NATHALIE
GILBERT BÉCAUD
COMPOSITEURES: GILBERT BÉCAUD & PIERRE. DELANOë
PAYS: FRANCE
ALBUM: NATHALIE/VINYL
RECORD: EMI
GENRE: POP
ANNÉE: 1977
Charmante chanson qui narre la rencontre éphémère entre
Gilbert Bécaud et sa guide touristique Nathalie qui lui fit visiter Moscou,
avant qu'il ne la visite elle-même…
LA FRANCE EN CHANSONS (20/41) - En pleine guerre froide,
Monsieur 100.000 Volts chante les vertus de la Russie, en dépit de
l'antisoviétisme acharné de son auteur Pierre Delanoë. Et lance la mode du
prénom Nathalie.
Par Nathalie Simon Publié le
1 août 2011 à 14:28, mis à jour le 2 août 2011 à 07:50 Avec leur chanson, Gilbert
Bécaud et Pierre Delanoë sont devenus les pères spirituels de milliers de
Nathalie, dont l'auteur de cet article. «À l'époque, en France, il y avait
trois radios et Bécaud avait deux tubes: Nathalie et Et maintenant, se souvient
Bertrand de Labbey, directeur d'Artmedia qui fut éditeur du chanteur disparu en
2001. Ces deux chansons, tous les Français de cette génération les connaissent.
Nathalie est célèbre au Japon, en Allemagne, en Italie… Gilbert Bécaud est
ainsi avec Charles Aznavour, le seul à avoir eu une carrière internationale.»
Au-delà d'un prénom qui devient alors à la mode, la
chanson apporte à son interprète une popularité incroyable à Moscou. Disparu
en mai dernier, Claude Vernick en donnait une petite idée dans son film, Gilbert
Bécaud chez Nathalie réalisé en 1965. Le poète entonne la chanson en tapant dans les mains avec
des étudiantes russes.
Pourtant, Nathalie faillit ne
jamais voir le jour. «Le
parolier Pierre Delanoë voulait absolument écrire une chanson sur la Russie car
il adorait ce pays. Mais au début, Gilbert Bécaud n'en voulait pas», se
souvient Claude Lemesle, autre parolier de Bécaud, aujourd'hui vice-président
de la Sacem. Mort en 2006, Pierre Delanoë confiait en 1994 dans Les
Coulisses de la création, un documentaire réalisé par Marc Heymann: «J'aime la
Russie, leur littérature, leur façon de boire et de manger. Par contre, je haïssais les
communistes. Je voulais réussir à dégager de cette ambiance l'âme russe.»
Pour l'époque, la chanson
détonne: «Bécaud chante la destination interdite, Nathalie prend le contre-pied
des chansons touristiques des années 1950-1960, analyse Jean-Pierre Pasqualini,
rédacteur en chef de Platine. Elle intervenait après la crise des missiles de Cuba, au moment où
Brejnev remplace Khrouchtchev. Pour la première fois, quelqu'un osait écrire
une chanson sur la guerre froide. On dirait un film de cinéma, avec une jeune
femme blonde au visage souriant dans un pays qui ne faisait pas sourire du
tout. Tous les yéyés, Sheila, Johnny, chantaient les mérites de l'Amérique. La
chanson rééquilibre les choses entre le bloc de l'Est et le bloc de l'Ouest, la
France rêve de pays étrangers et, grâce à Bécaud, elle découvre l'URSS.»
La
place Rouge était vide
Devant
moi marchait Nathalie
Il
avait un joli nom, mon guide
Nathalie
La
place Rouge était blanche
La
neige faisait un tapis
Et
je suivais par ce froid dimanche
Nathalie
Elle
parlait en phrases sobres
De
la révolution d'octobre
Je
pensais déjà
Qu'après
le tombeau de Lénine
On
irait au cafe Pouchkine
Boire
un chocolat
La
place Rouge était vide
J'ai
pris son bras, elle a souri
Il
avait des cheveux blonds, mon guide
Nathalie,
Nathalie
Dans
sa chambre à l'université
Une
bande d'étudiants
L'attendait
impatiemment
On
a ri, on a beaucoup parlé
Ils
voulaient tout savoir
Nathalie
traduisait
Moscou, les plaines d'Ukraine
Et les
Champs-Élysées
On a tout melangé
Et l'on a chanté
Et puis ils sont
débouché
En riant à
l'avance
Du champagne de
France
Et l'on a dansé
Et
quand la chambre fut vide
Tout
les amis etaient partis
Je
suis resté seul avec mon guide
Nathalie
Plus
question de phrases sobres
Ni
de révolution d'octobre
On
n'en était plus là
Fini
le tombeau de Lenine
Le
chocolat de chez Pouchkine
C'est,
c'était loin déjà
Que
ma vie me semble vide
Mais
je sais qu'un jour à Paris
C'est
moi qui lui servirai de guide
Nathalie,
Nathalie.